lundi 18 septembre 2006

Loi sur l'immigration (suite)

Bon c'était pas la seule chose à dire sur cette loi... mais faut bien procéder par étapes! L'idée globale de la politique du gouvernement, c'est la méfiance. On se méfie et donc on contrôle.

Immigration subie, y a pas à dire, c'est moche. ça renvoie à pas mal de phantasmes de l'étranger venu en France pour voler les emplois, les richesses, ... mais derrière ce mot, le gouvernement vise principalement le regroupement familial. Souvenez-vous de ce discours de Jacques Chirac pendant la campagne présidentielle de 1996: (de mémoire) quand l'ouvrier français voit vivre à côté de lui, un Africain avec trois ou quatre femmes et une dizaine d'enfants, vivre aux crochets de la France, et qui ne participe pas à la solidarité nationale puisqu'il ne paye pas d'impôts, si en plus vous rajoutez le bruit et l'odeur... etc.

Déjà en 2003, le gouvernement avait durci les conditions du regroupement familial. La dernière loi en rajoute une couche. Désormais, un étranger résidant légalement en France peut demander à être rejoint par sa famille (conjoint et enfants) 18 mois après son arrivée (au lieu de 12 mois auparavant).

Pour obtenir le regroupement familial, il y a trois conditions: des conditions de ressources. Elles doivent atteindre un montant au moins égal au salaire minimum de croissance mensuel en fonction du nombre de membres de la famille. Le RMI, l'allocation solidarité aux personnes âgées, les allocations d'insertion, les allocations de solidarité spécifique, les allocations équivalent retraite ne peuvent pas être comptabilisées dans les revenus du demandeur.

Autre condition: le logement du demandeur doit correspondre en termes de superficie, confort et habitabilité "à un logement considéré normal pour une famille comparable vivant dans la même région géographique en France". Juste une question: qui décidera de la normalité du logement?

Dernière condition: des conditions d'intégration. Le demandeur doit exprimer "son engagement personnel à respecter les principes qui régissent la République française". A priori, rien à dire sur ça. Sauf qu'il faudrait savoir qui aura compétence pour vérifier si cet engagement est respecté? Le maire de la commune, le préfet, les Renseignements Généraux? Est-ce que ce ne serait laisser la porte ouverte à l'arbitraire de "l'autorité administrative", comme c'était déjà le cas avec la circulaire sur les expulsions d'enfants de cet été?

Aux familles ayant obtenu le regroupement familial, on ne délivrera plus de carte de résident mais des titres de séjour qui ont une validité de un an. Tous les ans, les familles seront donc contrôlées pour voir si elles respectent les trois conditions ci-dessus... angoisse permanente de repartir au pays, précarité de la situation (comment construire un projet d'étude, professionnel, de vie?)

Nicolas Sarkozy, qui nous clame que lui, lui seul peut-être même, ose s'avouer libéral, blairiste, bushiste, que la France est le terreau du conservatisme ringard et réactionnaire, nous a confectionné une gentille petite loi planificatrice. Pour un marché du travail totalement régulé par un Etat totalement présent. Hypocrisie? Electoralisme? Dans tous les cas, il compte bien sur l'ignorance des électeurs pour arriver jusqu'à ses fins. Car qui, quel éditorialiste, journaliste, a expliqué tout ça?

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil