lundi 23 octobre 2006

Jamais trop tard?

Souvent quand un artiste ou un écrivain meurt, c'est le moment où il est le plus lu ou écouté. J'en ai fait la preuve, puisque j'ai lu ces dernières semaines Tchétchénie, le déshonneur russe d'Anna Politkovkaïa. La journaliste russe assassinée.

Lire un livre d'elle, c'est terrible. On prend en pleine figure toutes ces choses qu'on ne veut pas voir. La guerre, mais pas seulement. Dans le cas de la Tchétchénie, c'est plus que ça. Primo Levi disait dans "Si c'est un homme" qu'il y a un moment dans les camps d'extermination où le Bien et le Mal n'ont plus de signification pour personne. Anna Politkovskaïa est allée dans ces endroits où la moralité n'est plus rien. Elle le disait elle-même, les Tchétchènes et les soldats russes là-bas sont devenus des animaux.

Dans la conclusion de son livre, elle nous explique pourquoi elle a voulu écrire ce livre:

"Le journaliste doit produire des reportages, des commentaires, des interviews. Et les larmes qu'il verse à telle ou telle occasion n'intéresse au fond, personne. Décris ce que tu vois, rassemble les faits, analyse-les, un point c'est tout.

Mais beaucoup de choses restent en dehors de nos publications. Y compris le quotidien de nos séjours en Tchétchénie. Pourtant ces "détails" peuvent aider le lecteur à comprendre le regard du journaliste sur l'événement dont il a été témoin et qu'il a essayé de décrire avec exactitude. Le plus souvent, c'est celui d'une personne qui manque de sommeil, qui est affamée, sale et effrayée à mort, comme n'importe quel habitant de Tchétchénie."

Ce livre est celui d'une journaliste hors-normes, qui n'était pas obligée d'aller en Tchétchénie, risquer la mort et la torture. Et la trouver.

Et pourtant elle l'a fait. Nous, nous lisons ces livres et nous restons au chaud dans nos bonnes consciences.

1 commentaires:

Blogger M. a dit...

Très Bien!!

12:57 PM  

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