lundi 31 juillet 2006

Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille



Temps gris sur Paris-Plage. Imperméables et parapluies, ça met de la couleur. Les gens marchent doucement en petits groupes, les enfants courent puis attendent leurs parents. L’eau de la Seine est noire, le ciel est gris. Je filme les mouvements lents du fleuve et des passants. Ceux qui n’ont pas pu partir ou ceux qui sont déjà partis miment les longues promenades de fin d’après-midi. Ah ! les vacances, ce rythme lent avant un restaurant en bord de plage ou un repas dans le salon humide d’une location.

On se dirait une fin de mois d’août en Bretagne, quand les pluies se font plus régulières mais qu’on ne veut pas rentrer à Paris. Profiter des derniers moments.

Pourtant la mairie de Paris fait ce qu’elle peut pour rendre ces quais de Seine gais et festifs. Arbres exotiques, ballons de couleurs vives, musiques traditionnelles haïtiennes, véritables boulistes, concerts Indétendances de la FNAC… Aujourd’hui, Paris est un escargot ou Le roi des Papas, c’était l’après-midi des enfants !

Mais ces bruits ne cachent pas la mélancolie gluante de ces promenades lentes, le long des transats inutiles à cause de la pluie.

Les immeubles sur les quais me rappellent la Normandie de mon enfance. Quand la pluie s’arrêtait, nous mettions les bottes en caoutchouc et nous allions manger des « guiguis » au bout de la jetée. Tout habillés, nous reconstruisons les grands châteaux avec les gros galets des plages de Normandie.

Alors, si j’ai l’impression que les promeneurs miment pour moi les ambiances de fin de vacances, c’est que j’en ai vraiment besoin, de vacances !

mardi 25 juillet 2006

Mauvaise expérience aux urgences.

J’ai été admise au service des urgences de l’Hôpital Européen Pompidou vendredi dernier à 23h. J’en suis ressortie le lendemain matin à 6h. Entre temps, toute une batterie d’examens et un mystère : pourquoi cette maudite fièvre s’est-elle déclenchée ?

Premier test, examen d’urine. Une croix dans un tableau, ce n’est pas une infection urinaire.

Dans la nuit, on m’a fait des prises de sang, un examen gynécologique, une observation attentive de mon dos (j’ai échappé de justesse à la ponction lombaire). Je me suis fait malaxer le ventre par trois médecins. Un électrocardiogramme et un test de grossesse.

De toute la nuit, je n’ai pas dormi, mangé, bu. Vers 5h, j’étais dans la salle d’attente avec ma perfusion et mon gentil colocataire compatissant quand le médecin :

« Bon, on trouve pas. Alors je vous donne des antibiotiques pour votre infection urinaire (sic) »

Je suis partie avec mon ordonnance, j’ai dormi quelques heures et j’ai appelé mon médecin. Elle m’a posé quelques questions. Certaines banales : combien, la fièvre ? où, les douleurs ? Tu bois beaucoup ? D’autres un peu moins, mais je suis habituée : quand tu dors, tu préfères avoir un drap sur toi ou préfères-tu être complètement découverte ? Quand tu fermes les yeux et que tu appuies sur tes paupières, est-ce que tu as mal ? Et sinon, dans ta vie comment ça va ? Est-ce que tu es casse-cou ? Est-ce que tu aimes faire le pitre ?

Bon bah tu prendras Bella Donna en 9ch. Trois granules une fois puis dix dans un tiers de litre d’eau à boire en 48 heures.

Et voilà, la fièvre est tombée, les douleurs se sont calmées et je n’ai pas pris ces satanés antibiotiques !

vendredi 21 juillet 2006

Paris Montagne

En ce moment à l'ENS de la rue d'Ulm, un journaliste de C'est pas sorcier, une étudiante en lettres et moi, apprentie journaliste, on essaie d'amuser des enfants en leur apprenant la science à travers la création d'un journal papier ou d'un mini JT.

C'est très très dur et très fatigant. Ces gosses n'ont pas l'habitude d'écouter, d'être concentrés, d'obéir... Ils ne savent presque pas lire ni écrire et ne savaient même pas ce qu'était un journaliste. Il fallait repartir des bases.

Mais quel plaisir de les voir à la fin, tous contents d'avoir "réalisé" quelque chose, de se voir à la télé... et d'avoir compris une expérience scientifique!!!

J'en sors à l'instant. Je suis crevée, mais j'ai l'impression d'avoir servi à quelque chose: leur ouvrir l'esprit un tout petit peu peut-être!!

mardi 18 juillet 2006

Sud Liban il y a quatre mois



Branchée sur France Info, j’écoute les nouvelles du Sud Liban et du Nord d’Israël. Et les images dans ma tête ne collent pas avec les bruits des bombardements.

Il faisait beau quand, il y a seulement quatre mois, nous roulions vers le Nord. Des fleurs partout, du vert, la paix.

« Je comprends pourquoi Abraham s’est dit qu’il avait trouvé la terre promise quand il est arrivé là. C’est dur d’imaginer qu’on se soit fait la guerre ici, c’est si beau ».

Et maintenant, je ne voudrais pas voir les images de la guerre, je veux garder ce souvenir avec toute la tristesse qu’il comporte.

Peu importe duquel de ces deux peuples tu te sens le plus solidaire, c’est l’impuissance. C’est la fatalité : tu veux bien réfléchir à une issue, à une paix, mais les événements d’aujourd’hui ne pouvaient pas ne pas arriver.

lundi 17 juillet 2006

manifestation devant la Halde à Paris


Aujourd'hui à 16h, nous étions invités à nous présenter devant la Halde, Haute Autorité de Luttre contre les Discriminations et pour l'Egalité. 11, rue Saint Georges, métro Notre Dame de Lorette.

A peu près cinquante personnes étaient présentes, mais beaucoup étaient des journalistes. C'était la guerre pour avoir une interview d'un responsable de RESF, on se poussait du coude et on s'énervait avec la chaleur.

Moi, j'avais rien de particulier à faire, alors avec ma caméra j'ai cherché l'insolite... le regard goguenard des policiers qui surveillaient l'entrée de la Halde, une discussion entre deux prof gauchistes qui se racontent dans l'oreille: "si si j'te jure, dans telle préfecture, ils ont fait ça ou ça..."

J'en étais à m'attrister devant le peu de personnes présentes, quand j'ai entendu une conversation entre un jeune militant (pas mal du tout d'ailleurs) et une journaliste du monde.fr: si les principaux concernés ne sont pas sur place, c'est parce qu'à une autre manifestation, la police en avait profité pour arrêté quelques sans papiers... histoire de combler les trous parmi les 35 000 à expulser avant la fin de l'année peut-être. ça glace le sang.

Alors, entre Français, on restait là à attendre. Quelques responsables du réseau Education sans Frontières sont entrés dans le bâtiment de la Halde pour les appeler à l'aide. En effet, la circulaire de Nicolas Sarkozy est inégalement appliqué sur le territoire français et de la part de la préfecture de Paris, une liste des pays sûrs. Donc, à Paris on renvoie sans restriction les ressortissants de ces pays "sûrs". Mais pas dans le reste du pays. Cette inégalité de traitement est dénoncée par RESF qui demande à la Halde d'intervenir puisque Arno Klarsfeld, comme dirait un responsable du Réseau, "de médiateur, n'a retenu que média"...

Avant toute chose, ce que dénoncent RESF, c'est ce flou autour de la circulaire, qui peut être interprétée différemment selon les envies des préfets. Pour plus de clarté et de transparence, il faudrait qu'au moins un texte clair soit publié.

Mais de toutes façons, les militants sont prêts à protéger n'importe quel enfant et sa famille, quitte à les cacher.

samedi 15 juillet 2006

vendredi 14 juillet 2006

BIlan de RESF

Au métro Belleville, dans le 19ème arrondissement, cinq fourgons de police sont arrivés mardi dernier. Les agents ont arrêté toutes les personnes de couleurs : les enfants, les jeunes, les vieux, les femmes, les malades. Tous. Ceux qui avaient des papiers ont été relâchés, les autres sont partis au poste. Ceux qui vraiment n’avaient pas de papiers sont partis en centre de rétention, pour être renvoyés dans leur pays.

Parmi eux, deux jeunes hommes chinois. Ils ont dix-neuf ans, ils viennent de passer un BEP, ils attendaient le 23 août pour savoir où ils étudieraient l’an prochain. Mais le 23 août, on ne sait pas encore où ils seront, car on connaît bien le sort infligés aux immigrés qui reviennent en Chine : le camp de travail.

Spontanément, j’avais utilisé le mot « rafle ». Mais un ami :
« Tu te rends pas compte ! Tu ne peux pas utiliser ce mot, c’est trop connoté !! » Alors oui, difficile de comparer avec les rafles du Val d’Hiv’. De nos jours, évitons les amalgames. Mais j’ai bien réfléchi.

Je ne trouve pas d’autre mot.

mardi 4 juillet 2006

conférence sur l'immigration



Le 27 juin, conférence à Sciences po sur l'immigration. Le but, déconstruire le discours. Autour de Serge Slama, juriste, Armelle Gardien, militante à RESF, Denis Fougère, économiste et Emmanuel Terray, anthorpologue, nous avons pu entendre des vérités utiles. Quand l'immigration augmente de 10% dans un pays, le niveau des salaires ne baisse que de 1% et le chômage n'augmente que de 0.7%. Il n'y a pas de corrélation entre immigration et chômage. Par contre, être immigré double les chances d'être chômeurs... alors qui subit l'immigration?

Entre ces données factuelles et historiques nécessaires à la bonne compréhensions du sujet et les témoignages de militants auprès des sans papiers, j'ai compris le message. Mais pour ne pas être de ceux qui se protestent et ne proposent jamais, Emmanuel Terray a donné quelques principes pour une nouvelle politique de l'immigration:

1: Faire reculer l'opacité des processus administratifs.

2: rendre effectives les garanties juridiques des étrangers.

3: rompre avec l'utilitarisme migratoire.

4: étendre le champ du droit commun en restreignant le droit particulier des étrangers.

5: faire reculer la précarité des étrangers en leur accordant des titres de séjour de longue durée.

6: transfert des compétences sur l'immigration du ministère de l'intérieur vers le ministère des affaires étrangères ou en fonction du domaine ( Education Nationales pour les étudiants, Santé pour les malades...)

A partir de ces principes, des mesures pourraient rapidement être mises en place. Emmanuel Terray les énonce:

1: régularisation des sans-papiers.

2: dépénalisation du séjour irrégulier.

3: suppression des visas de courts séjours et motivation écrite des refus de visas.

4: transfert des pouvoirs à une Commision de Séjour dont les pouvoirs seraient élargis. Saisine automatique et obligatoire de celle-ci avec un avis délibératif pour un débat public et contradictoire.

5: que tous les recours soient suspensifs (c'est-à-dire que quand une expulsion a été ordonnée, si la personne concernée demande un recours, que son expulsion soit retardée, afin que si un contre ordre est donné, elle ne soit pas à l'autre bout de la planète)

6: abrogation des conditions restrictives du regroupement familial.

7: abolition de la rétention administrative.

Pour comprendre ces mesures il suffit juste d'avoir intégré le fait que ce n'est pas grave s'il y a des étrangers en France. Ils ne nous prennent pas notre argent, ils ne nous prennent pas notre travail. Une fois que ça, c'est dit, les choses paraissent plus simples et on pourrait peut-être éviter la souffrance et l'angoisse des enfants qui en ce moment sont menacés d'expulsion. Bonnes vacances à eux!