vendredi 30 novembre 2007

Elève Amara: dans les rangs, et vite!

Au moment de l'amendement des tests ADN,
elle avait lâché le mot: "dégueulasse".Et puis, elle s'était tue. La place est sûrement chaude et confortable. Et sur Villiers-le-Bel, pas un mot. L'élève Amara a compris la leçon. Et quand elle finit par s'expliquer dans le Parisien, ça fait froid dans le dos.


Dans une interview au Parisien/Aujourd'hui en France, Fadela Amara, l'ancienne présidente de "Ni Pute, ni Soumise" justifie sont silence après les trois nuits d'émeutes après la mort de deux adolescents dans un accident de la route. Sa justification est surprenante, pour quelqu'un venant de la gauche. Elle s'est tue pour laisser travailler la police. Pour elle, cela relevait de l'ordre publique et non de la politique de la ville. Selon elle, les émeutes de Villiers-le-Bel ne sont pas imputables "à une crise sociale". "On est dans la violence urbaine, anarchique, portée par une minorité qui jette l'opprobre sur la majorité".

C'est exactement ça la différence entre la gauche et la droite. "On n'a que ce qu'on mérite". Etre de droite, c'est nier le facteur social. Bien sûr, être de gauche, ce n'est pas croire que tous les gens qui vivent dans les cités, deviennent des délinquants. Mais c'est avoir la conviction que c'est pas parce que certains réussissent (Rachida Dati, Rama Yade, ...) que tout le monde peut réussir. Elles et d'autres ont réussi, pour combien qui sont restés sur le carreau? Fadela parle de violence urbaine. Et elle ne se demande pas pourquoi à Neuilly, il n'y a pas de violences urbaines. Est-ce que c'est parce qu'à Neuilly, les enfants sont naturellement moins violents, plus gentils, plus dociles? Ou est-ce que ce n'est pas la pauvreté qui engendre la violence? réfléchissons un peu... dans quels autres endroits du monde, on entend parler de violences urbaines? Dans les quartiers pauvres de New-York, dans les favelas de Rio de Janeiro... Tiens, c'est bizarre, là-bas aussi ils sont pauvres!

Elève Amara, vous méritez les tableaux d'honneur, vous êtes rentrée très vite et en silence dans les rangs. Bravo.

Libellés : , ,

mercredi 28 novembre 2007

Nicolas Sarkozy: "le plus grand communicateur"

Octavi Marti est le correspondant à Paris pour le quotidien espagnol "El Pais". Il était invité ce matin sur France Info. Une grande leçon de journaliste, qui n'a pas été écoutée avec attention.

Retour sur les émeutes de Villiers-le-Bel. France Info s'interroge sur la manière dont les médias étrangers regardent ce genre d'incidents. Octavi Marti, qui écrit plusieurs papiers par semaine pour son journal espagnol, constate à l'antenne que les plaintes des banlieusards n'ont pas changé depuis les émeutes de 2005 (manque d'emploi, manque d'écoles, manque de culture).

Puis, il s'en prend au Président de la République. Il le décrit comme le pire ministre de l'Intérieur, mais comme "le plus grand communicateur" puisqu'il a réussi à faire croire aux électeurs que son bilan était bon. Et pour prouver son accusation, il reprend l'actualité d'aujourd'hui. Dès son retour en France, Nicolas Sarkozy a affirmé que l'on retrouverait les personnes qui ont agressé les policiers, et qu'on les jugerait en cour d'Assises. Réaction d'Octavi Marti: "combien de fois a-t-on entendu cela? Combien y a-t-il eu de coupables à trouver? Et on ne les trouve pas, mais à chaque fois il y a un nouveau coupable!"

Comment, dans ce cas-là, transmettre ces propos présidentiels, sans même les mettre en doute, sans même souligner qu'on ne connaît même pas l'identité des suspects? Mais Raphaëlle Duchemin, la journaliste de France Info a enchaîné immédiatement en rappelant exactement la même information : "Nicolas Sarkozy a rendu visite aux policiers blessés, il a affirmé que l'on retrouverait les coupables et qu'ils seraient jugés en cour d'Assisses".

Elle devrait lire plus souvent "El Pais".

Libellés : , ,

mardi 27 novembre 2007

Villiers-le-Bel: on commence par brûler des bibliothèques

Bibliothèque brûlée. Le symbole est troublant.

Cette nuit, les combats de rue ont continué à Villier-le-Bel dans le nord de Paris. La bibliothèque a complètement été brûlée. Adieu livres, magazines, romans et guides pratiques. Adieu la culture en banlieue. Pourquoi les jeunes s'en prennent-ils à ce qui peut les aider, voire les sauver?

Chers copains de LaTéléLibre...

Larbi et Miguel, deux bénévoles de LaTéléLibre sont partis à Villiers-le-Bel hier soir. Ils voulaient comprendre ce qui s'y passe en ce moment. Ce matin, ils sont toujours aux urgences et on leur a volé leur caméra.

Il y a trois semaines, un manifestant a donné un coup de boule à un cameraman qui m'accompagnait dans une manifestation étudiante.

Je suis la première à trouver que certains médias ne font pas bien leur travail et cristallisent des oppositions et des haines. Mais aujourd'hui, si les journalistes ne peuvent plus, au choix, aller en banlieue, aller à une AG étudiante, ni à une manifestation, qui va parler de ce qui s'y passe?

Libellés : , ,

lundi 26 novembre 2007

Villiers-le-Bel: à qui la faute?

Comment un simple, mais tragique accident transforme une ville en terrain d'émeute?

Deux adolescents sont morts hier dans un accident de voiture, au volant d'une mini-moto interdite à la circulation.
Un accident dans lequel sont impliqués des policiers.


Aujourd'hui, l'opposition s'alarme que depuis les émeutes en 2005, rien a été fait en banlieue. C'est vrai. Les crédits aux associations ont été réduits, les effectifs de la police n'ont pas été renforcés, les cités ressemblent toujours aux mêmes guettos urbains dont on a rien à envier aux pays du Tiers-Monde. Alors on peu conspuer la droite et le gouvernement qui trouvent que ça ne sert à rien, politiquement, d'améliorer le quotidien des banlieues. C'est vrai que ça paye pas.

Mais l'action de la gauche, vraiment, n'est pas très responsable. Crier au loup, alors que le feu a déjà envahi la bergerie, ce n'est pas vraiment efficace. Mais qu'est-ce qu'il faudrait faire pour apaiser Villiers-le-Bel?

Ce soir, quand un ami m'a appelée pour me donner les dernières nouvelles, ça m'a fait mal. J'ai ressenti la même chose la semaine dernière, quand j'ai appris que certains étudiants anti-blocage ont applaudi les CRS qui tabassaient les manifestants à Nanterre.

Ce n'est même pas le fait de prendre parti pour ou contre les blocages, pour ou contre la police. C'est d'être aujourd'hui française, et d'assister à des combats entre des gens qui vivent dans le même pays. Je n'aime pas, et je n'ai pas envie d'être parmi ces Français qui critiquent sans cesse la France. Mais comment va se pays? Qu'est-ce que ça signifie? Est-ce qu'on se déteste autant les uns les autres?

Libellés : , ,

jeudi 22 novembre 2007

UNE VRAIE MANIF DE DROITE

Les intermittents du spectacle l'avaient fait... La droite leur a piqué le concept: "la manif de droite"! Entre caricature et récupération politique,
le 18 novembre, ça valait le coup d'oeil d'y être...


Un manteau de fourrure dans une manifestation , ça ne se voit pas souvent. Dimanche dernier, c'était le cas. Organisée par Alternative Libérale, un parti politique, cette manifestation protestait contre les grèves et les blocages. C'est vrai que ça embête tout le monde, la grève de la SNCF et de la RATP. C'est vrai que le blocage des universités est anti-démocratique et oublie que les plus démunis sont aussi ceux qui n'ont pas les moyens de payer des cours particuliers pour rattraper le temps perdu des manifestations.

Mais s'insurger contre les syndicats, en les qualifiant de réactionnaires et se donner la belle part en s'affirmant du côté du plus faible, c'est l'hôpital qui se fout de la charité! Les régimes spéciaux, comment peut-on oser les appeler des privilèges? Le paquet fiscal de cet été, lui, a instauré des privilièges d'un autre temps. La suppression des droits de succession, qui cela favorise-t-il? Les familles les plus riches qui pourront donc désormais transmettre de génération en génération, leurs petites fortunes. Et bien ça, quand on est de droite, c'est la modernisation de l'Etat, et moi, je n'ai rien compris. Les privilèges ne sont pas là où les médias et les hommes politiques le placent.

Enfin, pour rire un bon coup, regardez le reportage qu'a fait LaTéléLibre, le site d'information alternatif de John Paul Lepers. Un vrai régal de le comparer avec celui des intermittents, disponible sur la même page.

Libellés : , , ,

mercredi 21 novembre 2007

POLICE POLITIQUE

C'est dangereux, les manifestations. Quand les cheminots, les étudiants ou les chasseurs manifestent, y a des risques de dérapages. Beaucoup moins quand ce sont des élus qui descendent dans la rue. Visiblement les policiers et les CRS ont confondu.

Les maires et les députés socialistes s'étaient donné rendez-vous Place Vendôme pour manifester contre la réforme de la carte judiciaire et demander un entretien avec la ministre de la Justice Rachida Dati. Des barrières étaient installées aux entrées de la place et les élus ne pouvaient pas passer. Les journalistes, les touristes et les riverains, oui, mais pas les élus.

Il est 17h30, bien temps de rentrer à la rédaction pour le montage. Je montre pour énième fois mon badge au gentil CRS. La députée socialiste Delphine Batho est restée bloquée. Impossible pour elle de traverser la Place pour retourner à l'Assemblée Nationale. Elle aurait pu lancer un pavé contre le ministère!

Libellés : , ,

mercredi 14 novembre 2007

Et toi, t'en penses quoi, des régimes spéciaux?

Bonne entrée en matière pour un dîner sympa avec un ami autour d'une bonne bouteille de vin chilien.

Les mains dans ma sauce carbonara, je m'arrête un instant: oui, c'est vrai, qu'est-ce que j'en pense? Le syndicalisme, je le soutiens par principe, mais j'ai toujours été gênée par le corporatisme inscrit dans la tradition syndicale. Défendre une retraite plus tôt que les autres travailleurs, pour soi sans rien revendiquer pour les autres branches salariales, ça ne plaît à mon joli esprit républicain.

D'un autre côté, je trouve le gouvernement bien sûr de lui. Les sondages montrent (mais que montre réellement un sondage?) que les Français soutiennent en majorité la réforme des régimes spéciaux. Est-ce que pour autant je soutiens la manière dont c'est fait? Le gouvernement jour la vierge effarouchée devant les privilèges "honteux" des cheminots. Mais le super cadeau fiscal accordé aux foyers les plus riches, je trouve ça beaucoup plus scandaleux.

Le gouvernement que nous avons est de droite. C'est tout. Il joue son rôle. Mais tous ces Français qui sont en train de se faire avoir par le discours de la rigueur, pour eux mais pas pour les riches, ça me laisse pantoise. Ou plutôt, ça m'inquiète. Quand ils vont réaliser qu'on s'est moqués d'eux, comment vont-ils réagir?

Libellés : ,

mardi 13 novembre 2007

La grogne des grognons

Des raisons de se plaindre de la présidence de Nicolas Sarkozy, il y en a plein. J'attendais l a révolte, que l'opposition s'organise. Je ne pensais pas que sous le règne de Nicolas Sarkozy, je serais contre une manifestation.

La semaine dernière, j'étais en reportage sur la manifestation des étudiants à Bastille. Il y a quelques mois, j'étais encore étudiante, je ne m'attendais pas à un tel contraste et à autant d'incompréhension.

Ces jeunes, pas plus de cinq cents, manifestaient contre la nouvelle loi sur l'autonomie des universités, mise en place cet été par Valérie Pécresse, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Leur crainte: l'arrivée des capitaux privés dans les facs. Bien. C'est vrai qu'il y a des craintes à avoir. Quand Total subventionnera les études sur la Birmanie, gare à la censure! Et c'est ce genre d'arguments auxquels je m'attendais. Mais en fait, pas du tout!

Les arguments des étudiants: "les entreprises choisiront les domaines où y a de l'emploi et négligeront celles où y a pas de débouchés!" Alors je leur réponds: "vous ne pensez pas que l'université soit l'endroit pour apprendre un métier? Que c'est bien aussi d'avoir des débouchés à la sortie?"

Et là, des caricatures: "L'université n'est pas l'endroit pour apprendre un métier, l'université, c'est pour penser, c'est pour s'émerveiller"...

Je ressors de cette manifestation perturbée et effrayée, entre temps un manifestant a donné un coup de boule au cameraman qui m'accompagnait.

Libellés : ,